Force est de constater que les Japonais n'ont plus grand chose à envier à l'occident et spécialement à la France, en matière culinaire! Hier soir, le premier guide Michelin Tokyo est sorti, après une année et demie de préparation! Le résultat parle de lui-même : avec 191 étoiles, la capitale mondiale de la gastronomie se nomme... Tokyo. Il était donc grand temps que des occidentaux viennent constater cette réalité! Évidemment, je crois qu'il faut relativiser, en ramenant le nombre d'étoiles à la taille de la ville (12 millions d'habitants, 30 millions pour la conurbation), mais c'est quand même impressionnant!
Depuis 1999, j'ai pu constater qu'aller au restaurant et faire plaisir à ses papilles est quelque chose de très important ici. Quand je pars en voyage, une des premières questions à mon retour est généralement "Qu'est-ce que vous avez mangé là-bas?", prouvant "l'intérêt" prononcé des Nippons pour la bonne chère! D'autre part, il n'est pas nécessaire d'aller dans un restaurant étoilé par le Michelin pour bien manger. C'est de toute façon assez hors de portée du toubab moyen, dont je suis la plus plate incarnation. Qu'à cela ne tienne, une foultitude de petits restaurants, à la cuisine sophistiquée ou non, proposent des menus à des prix très raisonnables, pour une qualité excellente (d'après moi...)! Et cela, quelque soit la cuisine! Si je veux manger français à Osaka, je connais le "Bistrot d'Anjou", où je pourrai avoir un menu et le café, avec le choix, la qualité et un service agréable, rapide et extrêmement professionnel, pour 1050~1575 yens (6,5-10 euros) pour le déjeuner et à partir de 20 euros pour le dîner. Ce lieu si plaisant, où je vais parfois, n'est qu'un exemple parmi d'autres! Je ne parlerai même pas de cuisine japonaise, mais la réalité dépasse l'entendement, tant on mange bien ici, pour finalement assez peu cher! Gourmands et gastronomes, qu'attendez-vous?
J'ajouterai que les chefs français ont du souci à se faire pour l'avenir, même si les cuisiniers japonais leur vouent encore de l'admiration, au point d'accepter de travailler gratuitement pendant une année en France et de vivre dans une chambre de bonne au dessus d'un établissement de bonne réputation, car ces jours-là me semblent comptés! Allez savoir si ce ne sera pas le contraire dans 50 ans et que les cuisiniers français ne devront pas venir parfaire leur formation au Japon pour gagner leurs lettres de noblesse!
L'amour du travail bien fait, l'assiduité et le courage, c'est fou ce que ça permet de faire...
Voici la dépêche de l'AFP que je me suis permis de reprendre sur Google!
Tokyo devient la ville la plus "étoilée" du monde par le guide Michelin
Il y a 2 jours
TOKYO (AFP) — Tokyo est devenue lundi la ville la plus "étoilée" du
monde par le guide Michelin qui, pour sa première incursion hors du
monde occidental, a fait pleuvoir sur les restaurants de la capitale
japonaise le nombre record de 191 "macarons", deux fois plus qu'à Paris.
Pour
la première fois des 108 ans d'histoire du fameux guide français, la
totalité des 150 établissements sélectionnés ont reçu au moins une
étoile, un hommage à la "cuisine hors pair" du Japon, selon Michelin.
Huit
restaurants --cinq de cuisine japonaise et trois de cuisine française--
ont reçu la distinction suprême des trois étoiles, qui honore un
établissement censé valoir à lui seul le voyage. Vingt-cinq autres
restaurants se sont vus attribuer deux "macarons", et les 117 restants
un seul.
La cuisine japonaise représente 60% de la sélection.
Parmi les 59 restaurants "étrangers" (dont la plupart sont tenus par
des chefs japonais), on en dénombre 44 de cuisine française, huit de
cuisine italienne, cinq de cuisine chinoise et deux de cuisine
espagnole.
"Tokyo devient la ville de la haute gastronomie
mondiale, la ville la plus étoilée au monde", s'est félicité lors d'une
conférence de presse le directeur des Guides Michelin, Jean-Luc Naret.
"C'est
grâce à la qualité si incomparable des produits utilisés, aux
techniques de cuisson employées, à cet héritage et à ces traditions
culinaires transmis de génération en génération et qui continuent de se
développer grâce au talent des chefs, que le guide Michelin Tokyo offre
une sélection de restaurants tous étoilés", a-t-il ajouté.
Les
191 "macarons" de Tokyo représentent près du double de ceux distribués
aux restaurants de Paris (97) et plus du triple de New York (54).
Parmi
les "triples étoilés" figurent les restaurants de cuisine
traditionnelle nippone "Hamadaya", "Kanda" et "Koju", ainsi que les
maisons de sushis "Sukiyabashi Jiro" et "Sushi Mizutani".
D'autres
étoiles honorent la haute cuisine "kaiseki", les nouilles de sarrasin
"soba", les grillades "teppanyaki", les sushis, tempuras ou encore le
"fugu", un poisson aux entrailles empoisonnées que seuls les chefs
spécialement licenciés sont autorisés à manipuler.
"L'Osier", du chef Bruno Ménard, et un autre grand restaurant français, "Quintessence", obtiennent également les trois macarons.
"Je
serai viré si je n'obtiens pas les trois étoiles", avait déclaré à la
presse Yuichiro Watanabe, chef du restaurant "Joël Robuchon", situé
dans une imitation de château Renaissance du quartier d'Ebisu.
Au moins pour cette année, sa carrière est sauvée.
"Beige", enseigne-phare du chef français Alain Ducasse à Tokyo, créé la surprise en n'obtenant qu'une étoile.
M.
Naret a en outre raconté qu'un des restaurants de cuisine française les
plus connus de la ville, qu'il a refusé de nommer, était absent du
guide, les inspecteurs n'ayant rien trouvé d'extraordinaire dans leur
assiette.
"Nous ne faisons pas ce guide pour donner une Légion
d'honneur à un chef. Nous faisons ce guide pour plaire à nos lecteurs",
a expliqué M. Naret.
Publié en japonais et en anglais, le guide sera mis en vente mercredi soir.
Sa
parution, très attendue dans un pays où la bonne chère fait quasiment
figure de religion, a été précédée de vifs débats entre chefs,
critiques gastronomiques et bloggeurs, certains affirmant d'emblée
qu'un guide étranger serait incapable de bien juger la cuisine
japonaise.
Le "guide rouge" n'est pas rancunier, puisqu'un des
chefs qui s'était le plus vertement répandu en critiques contre le
guide, Yoshikazu Ono, voit son restaurant de sushis "Sukiyabashi Jiro"
décrocher les trois étoiles.
Pour affirmer encore plus sa
"japonitude", le "guide rouge" sera béni mercredi lors d'une cérémonie
shintoïste dans un sanctuaire dédié à Daikoku-sama, le dieu des
affaires, dans le vieux quartier tokyoïte de Kanda.